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Armes atomiques
Missiles




Un des modèles de bombe atomique Français, l'AN-52 pouvant être portée
par les Mirage-III-E des FAS. (Doc Armée de l'Air Française, 1995.)




L'ARME ATOMIQUE



Les ogives porteuses

Les ogives sont le magasin qui abrite la ou les bombes atomiques et
aussi les leurres qui l'accompagnent. Leurs rôles cessent dès que la
rentrée atmosphérique a été accomplie, la bombe peut être libérée.
Tout d'abord de forme hémisphérique elles doivent faire une manoeuvre
pour présenter un bouclier thermique qui fonctionne sur le pricipe de
l'ablation (fusion de couches successives) comme sur les vaisseaux spatiaux
Mercury-Gemini-Apollo-Soyouz. Le problème est qu'il faut que l'ogive
fasse un demi tour dans l'espace pour présenter ce bouclier à la
rentrée atmosphérique.
Par la suite on va s'orieter vers l'ogive de forme conique recouverte
d'un matériaux ablatif qui en s'évaporant à la chaleur de la rentrée
atmosphérique garde une température d'évaporation constante.
Avec la miniaturisation des charges atomiques on passe au concept de
tronc de cone type MK-2 aux USA et plus tard en URSS.
Enfin l'ogive prend du volume lorsqu'elle doit abriter les concepts
de MRV et MIRV avec 3 à 10 bombes atomiques, à l'exception de l'IRBM
Russe Pioneer SS-20 qui passe outre à l'ogive et laisse à l'air
libre ses 3 bombes atomiques (transformées en ogives indépendentes).


                                      

                 ICBM Atlas de l'USAF          
                avec son ogive équipée      
                d'un bouclier thermique         


               

                   IRBM Thor de l'USAF
                  avec ogive identique
                   à celle de l'Atlas


            

                 ICBM R-7 de la RVSN
                  ogive conique avec
                  revêtement ablatif.





                                     

                  IRBM Jupiter de                 
                   l'US-Army avec                    
                 une ogive conique                 
                comme celle du R-7       
                soviétique en haut       


                

                   ICBM Minutman-1
                   de l'USAF avec
                   une ogive MK-2
                    à revêtement
                   ablatif. (USAF)



          

            ICBM Peacekeeper (MX) de
            l'USAF avec une ogive à
           10 têtes atomiques (USAF).



                  

                Ogive MK-2 montée sur   Ogive MIRVée d'un   
                un SLBM Polaris A-1.    SLBM Poseïdon USN.  
                Elle est identique à    Elle est à ogives   
                 celle du Minutman.     multiples. (US-N)   



                 


                   De forme ogivale, c'est la première
                    version de l'ogive de l'IRBM Thor
                     de l'USAF des années cinquante.
                   Elle n'est bien entendu pas MIRVée.



   


   La plus originale ogive MIRVée, celle de l'IRBM mobile SS-20 Russe
  Pioneer (Euro-missile) avec 3 bombes non carénées (Dessin Podvig 2002)



FOBS

Un des moyens réussi pour palier le délai d'alerte qui était
assez faible en URSS alors qu'il était satisfaisant aux USA,
la Russie pense FOBS (Fractional Orbital Ballistic System) en Français
ogives à orbite fractionnée. Il s'agit de placer l'ogive ICBM
sur une trajectoire orbitale en LEO (Low Earth Orbite) puis
d'exécuter une rentrée atmosphérique avec chute balistique sur
l'objectif. La mise en orbite de facto résoud le problème de
la portée, et le fait de choisir une orbite basse à trés basse
(150 km) va rendre l'ogive visible, aux radars panoramiques à
moins de 4 minutes de l'impact. Ce type d'ogive avait fait
dire à un Secrétaire Général du Parti Communiste Russe :
"Vous nous attendez par la porte mais on risque aussi bien
d'arriver par la fenêtre".
Je vous rappelle que les USA avaient concentré leurs radars
dans le grand Nord et qu'un FOBS pouvait aussi bien arriver
par le Pacifique Sud et n'être détecté qu'à moins de 4 minutes
de la détonnation.



          Dans le cas d'une ogive de type FOBS le radar panoramique
          ne confirme l'ogive assaillante qu'à 6 minutes de l'impact.
          Le radar trans-horizon a donné une probable alerte à 20 mn.
                           (Dessin de l'auteur)


MRV et MIRV

Pour palier le problème lié au durcissement des silos de
fusées ICBM comme les Minutman, les soviétique imaginent
de disperser sur le même objectif non pas une mais 3 ogives
atomiques de façon à augmenter les chances de destruction
des silos en général groupés. Les ogives ont la même CEP
(Coefficien d'Erreur Probable) ce qui augmente la nette
probabilité d'atteindre le but. Les Russes concoivent
l'ogive MRV (Multiple Rerentry Vehicle) vers 1970.

Pour bénéfcier de la souplesse du guidage numérique à base
de calculateurs embarqués, l'Amérique déploie un concept
très astucieux, les ogives MIRV (Multiple Independent Rerentry
Vehicle). Chaque ogive vise un objectif particulier tout
au long de la trajectoire finale (dans l'axe), vers 1972.



Atoll de Kwajalein, impact de 3 ogives MIRV d'un missile MX Peacemaker.
                        (photo USA-DoD)


OGIVES avec leurrage

Pour dissuader les anti-missiles, il s'agit d'accompagner dans
son trajet spatial l'ogive assaillante avec de fausses ogives
(gonfflables) qui vont la suivre jusqu'à la rentrée dans
l'atmosphérique où se fera la séparation aérodynamique/masse.

Les ogives assaillantes peuvent aussi disposer d'un système
de brouillage des signaux radar de l'adversaire comme ont peut
en trouver sur les avions de guerre.

Enfin les ogives assaillantes peuvent suivre des routes ératiques
(elles doivent être dotées d'un moteur fusée manoeuvrant) qui
interdisent toute prédiction linéaire de la cible comme le font
les ordinateurs des radars à partir d'une route balistique stable.
C'est la cas de l'ogive Russe de type MARV  (MAnoeuvrant Rentry
Vehicle) comme le test de septembre 2008.



      Routes, à objectifs aléatoires, suivies par une ogive manoeuvrante
          d'un missile ICBM Russe culminant à 1000km. L'ogive pointe
               sur sa cible définitive qu'à 4 mn de l'impact.
                            (Dessin de l'auteur)


CEM

Le choc électromagnétique produit par une grosse bombe de type
thermonucléaire est considérablement violent, il induit des
surtensions dans tous les circuits électriques qui sont dans
sa zone d'influence comme le fait la foudre. Les circuits
électroniques à grande intégration sont les plus fragiles et
doivent être protégés à l'aide de céramiques appropriées pour
limiter les inductions électromagnétiques sur leurs composants.
En général il existe des bombes atomiques dédiées à cette action
qui sont portées à l'aide d'un missile jusqu'à la limite de
l'exosphère (entre 70 et 130 km de distance du sol).
Leur détonnation peut générer des perturbations de type choc
électromagnétique (impulsion) à de trés grandes distances ; de
l'ordre d'une centaines de kilomètres suivant la puissance et
l'altitude de l'explosion atomique.
Passé le choc du à l'impulsion, la bombe va générer une forte
ionisation de l'atmosphère qui va participer au brouillage des
ondes radio-électriques jusqu'aux ondes SHF des grands radars
panoramiques. Le brouillage peut rester actif pendant 12 heures
et couvrir des distances aléatoires de plus de 2000 km.

Il est à remarquer qu'au début des années soixante dix, certains
avions Russes étaient encore équipé de poste radio VHF avec tube
à vide pour l'électronique. Dans l'environnement d'un choc
électromagnétique ce n'étaient pas les plus mal lotis !

En cas de détection d'une ogive attaquante par un anti-missile,
le moyen le plus aisé de la neutraliser c'est de l'irradier
violemment à partir d'une explosion nucléaire non pas riche en
neutrons (bombe à neutrons) mais riche en Rayons X. Les Rayons X
vont détruire les circuits électroniques de la bombe atomique
ou déprogrammer ses mémoires dans lesquelles se trouvent les
instructions de mise à feu de l'arme. C'est le principe qu'on
trouve sur les ABM Nike-Zeus Américains, et V-1000 Griffon
Russes. Ces armes atomiques particulières ont été développées
sur Sary-Sagan en URSS et Kwajalein aux USA mi-années soixante.

            

Passage d'une ogive de fusée US Atlas dans le choc
électromagnétique d'une explosion nucléaire spatiale
telle qu'envisagée pour un ABM Nike Zeus/Sprint.
                 (Doc USIS 1975)

LE GROS GOURDIN

Expérimentée en juillet 1945 à moins de 30 km du village
de San Antonio NM, 50 km de la petite ville de Soccoro,
40 km de la réserve d'indiens Mescalero et 130 km de sa
base à Alamogordo les USA font détonner le "Gadjet" une
bombe atomique qui va bouleverser la vie de l'humanité.
Août 1945 Hiroshima et Nagasaki feront les frais de cette
malsaine avancée intellectuelle. C'est le gros gourdin
Américain. Cela participera sans doute à accélérer la
fin de la guerre du Pacifique (?).

     

        Largage d'un B-29 d'une bombe atomique de type Gun
       (U-235) comme Little Boy. (Doc montage de l'auteur)


                

              Little Boy 8 août 1945 08:10
                    (Dessin de l'auteur)



   

Voici l'intérieur de la bombe atomique US Little Boy de 1945
        (Doc Agence US de l'Energie Atomique)


   

      Voici un shéma trés sommaire expliquant la photo
   précédente (Dessin de l'auteur volontairement inexact)


UN GOURDIN ENCORE PLUS GROS

Les bons docteurs Teller et Ullman aux USA puis Sakarov et
Gainsburg en URSS donnent aux deux belligérants la clé pour
fabriquer le super gros gourdin "salvateur".
1952 aux îles Marshall pour les USA et 1953 pas loin de
Kurchatov près de Semipalatinsk au Kazkhstan en URSS explosent
les premières bombes thermonucléaires. On passe de la totale
destruction à l'anéantissement ; un progrés dans la trouille.
Avec les expériences Castle Bravo et Romeo les USA mettent
au point la bombe MK-17 aéro-portée de 8 à 15 Mt.




Bombe thermonucléaire du type de celle testée en 1952
  sur l'îlot de Eleron (isl Marschal). (Dessin X)


    

    Test atomique Bravo. Intérieur de l'abri où se
 trouve la bombe, avec l'engin prêt à la détonnation.
   Tir Castle Bravo sur Eleron Isl le 1 mars 1954
 A noter en bas à gauche l'écriteau "Défense de fumer"
                   (Doc AEA USA)


 

   Description du document précédent. (Dessin de l'auteur)



     

   Shéma sommaire de l'intérieur de la bombe Bravo
   A droite sur fond blanc, l'initiateur à neutrons.
   Dans le premier tiers du cylindre la bombe nucléaire
   au plutonium pour initier la fusion. Dans les deux
   tiers restants le mélange Deutérium Tritium Uranium
   de la bombe thermonucléaire. Le trait blanc vers le
   bas est la commande de l'explosif (implosion) de mise
   à feu. Le compartiment de gauche renferme le système
   réfrigérant.
  (Dessin recopié et volontairement inexact de l'auteur).


         

       Dramatiquement superbe ! Test Castle-Romeo
        atoll d'Enewitok (Isl Marshall) 11 Mt 1954
        dite "Runt" car elle est moins puissante
        que le test Castle Bravo 15 Mt (1-3-1954).
         (Doc Agence de l'Energie Atomique US)

En Russie Sakarov conçoit une bombe ultime la RDS 220
qui peut à petite charge développer 60 Mt et avec
le plein complet faire détonner 170 Mt. Armaggedon !
La petite charge de 57 Mt sera testée le 31 oct 1961
sur la Nouvelle Zemble au septentrion. La super bombe
ne sera jamais testée (car elle est inutile).


      

La bombe Russe RDS-220 qui peut détonner entre 50 et 150 Mt.
La version 150 Mt aurait été portée par le vecteur ICBM UR-500
connue sous le nom de lanceur Proton de nos jours. La version
50 Mt pouvait être portée par un vecteur aérien TU-95 Bear.
             (Doc du livre de Zaloga 2000)



LES LANCEURS AERIENS


     

        Dassaut Mirage-IV largant une bombe atomique AN-22
    (Doc Armée de l'Air Française et montage de l'auteur 2005)
                   [rectification P.DIBIN]



      

       Détonation d'une bombe atomique AN-52 de 25 kt dans le
      Pacifique. la bombe est larguée par un Mirage III E des FAS
                         (Doc X, 2005)




     

       Boeing B-52 largant une bombe thermonucléaire MK-17
          (Doc SAC USAF et montage de l'auteur, 2003)




      

      Détonation d'une arme atomique (ce n'est pas une MK-17)
       Ce tir se déroule aux USA, Area-51, Nevada année 1961
       (Doc album microsillons du jazzman Count Basie, 1965)




     

     Tupolev TU-95 largant une bombe thermonucléaire RDS-220
        (Doc RAF-UK / Zaloga et montage de l'auteur, 2003)



       


       Séquence d'un film soviétique montrant un TU-95 largant
       la bombe RDS-220 Tsar-bomba-Vanya sur la Nouvelle Zemble
       en 1961 (Doc du livre de Yefim Gordon, TU-95 Bear, 2006)



      

      Apocalyptique explosion de Vanya (RS-220) le 30 oct 1961.
     La bombe RDS-220 fait détonner 57 mt sur la Nouvelle Zemble.
                        (Doc X, 2004)






Faire la bombe ou perdre le Nord ? [1er partie]

On avait déjà vu dans un précédant article comment les soviétiques, sûr d'eux,
avaient lancé le 20 février 1956 depuis Kaspoutine Yar au pas de tir 4-N un
missile SRBM R-5M Shyster (nom OTAN) avec une ogive atomique armée. Après avoir
survolé des zones habitées, l'ogive était retombée sur sa cible dans le désert
de Karakum prés de la mer d'Aral à 1200 km de là et avait fait détoner la bombe
avec une énergie de 2 ou 3 kt. C'était l'opération Baïkal !


                      

                Mise à feu d'un SRBM Russe R5-M à Kapoustin Yar. (Doc X)


Je me demandais si les USA n'avaient pas réalisé un test aussi stupide à cette
époque. Voyons un peu le 2 mai 1962.

A 4000 km d'Hawaï les USA s'étaient ouvert un centre d'essais atomiques dans le
Pacifique central dans l'Atoll de Kwajalein prés des îles Marshall (enfin dans
le coin). On trouvait dans cette très vaste zone des îles aussi idylliques que
Bikini, Enewitok, Johnston, Elugelab, etc.


               


                      La partie Sud de l'Atoll de Kwajalein (USA) poste
                      de commandement des essais atomiques. (Doc Google)


Bon, ce 2 mai 62 est lancé de l'île Johnston une fusée Thor DSV-2E qui emporte
une bombe thermonucléaire Dominic_Prime de 2 ou 3 Mt, mille fois plus puissante
que la bombe Russe du test Baïkal. Toute fois la comparaison s'arrête là, le RV
Américain culmine vers 400 km et détone dans le cadre des tests ABM (Nike Zeus)
série FishBowl. A 400 km la détonation est spatiale, le flash est visible en
pleine nuit depuis Hawaï (ce n'est pas la porte à côté), la boule de feu s'étale
sur 150 km. Le test est réussi ; les missiles ICBM Russes qui passeraient dans
cette boule de feu radioactive n'auraient que peu de chance d'en sortir intact
disait-on à l'époque.


                       


             Détonation spatiale de Dominic-Starfish-prime de 1962. (Doc AIEA)


Pour faire bonne mesure le 20 juin 1962, deux mois plus tard, nouveau test Starfish.
Encore lancé de Kwajalein une fusée Thor, même modèle que la précédente, emporte
vers l'île Johnston la bombe H BlueGill de 2 ou 3 Mt. Elle doit aussi détonner à  
500 km de distance du sol/mer, mais voilà, pas de détonation !

Où est passé le rentry vehicle (RV = ogive) ?

Si la fusée a bien largué la bombe, celle ci en panne n'a pas détonnée, même pas
le détonateur chimique, encore moins la bombe nucléaire d'amorçage de la bombe H,
bref, retombée en mer on ne sait pas où, la bombe intacte sommeille encore au fond
de l'eau aujourd'hui, protégée dans le robuste RV au large de l'île Johnston.


            


           Les tests Starfich-prime utilisaient ce même type de fusée Thor que ce modèle
         d'IRBM déployé en Europe (UK ici) à la fin des années 50 début 60. (Doc RAF 1958)


Le pire arrive le 25 juillet 1962 où la fusée Thor explose sur son pas de tir avec
sa bombe thermonucléaire. La bombe ne produit pas de fission, mais pollue gravement
l'île avec du plutonium 239.

Lorsque vous lisez le compte rendu des tirs atomiques aériens de 1945 à 1963 vous
seriez surpris de voir qu'il y a eu qqs loupés, qqs bombes perdues, des accidents
humains au moment de la détonation, enfin assez d'incidents pour frémir en repensant
au test soviétique de 1956 de l'opération Baïkal.

Désormais les tests atomiques se font par simulation sur ordinateurs ou en pico-bombe
dans des centres de recherche, je crois qu'il y en a un prés de Bordeaux, avec le
Laser Mega Joule.


                         


                  Simulation en laboratoire d'explosion nucléaire. (Doc CNRS 2006)


Le prochain test réel d'arme atomique est attendu en Iran, il sera sans doute sous
terrain (si les Israéliens aidés par les Américains le permettent).

Moi, pour ce que j'en dis...





Elles font parfois "pchitt" [seconde partie]

Nous avons vu comment, dans le dernier article, lancer en test un missile
armé d'une authentique bombe atomique n'est évidemment pas sans risque. Mais
que le missile survole dans sa route balistique des zones habités certes cela
ne s'est fait officiellement qu'une fois, mais c'est sans doute une de trop.

La mission Baïkal du 20 février 1956, où les soviétiques lancent un SRBM
Shyster R-5M avec une arme nucléaire de 12 kt (Hiroshima = 18 kt) sur une
route Kaspoutine Yar - Mer d'Aral (désert de Karakum) qui n'est effectivement
pas trop peuplée, n'est pas une excuse ; mais quel culot, quel mépris.

Ceux qui regardent sur ma page d'accueil de mon site : http://astro-notes.org
verront un chasseur bombardier Voodoo F-101 qui tire un missile Genie MB-1
de Northrop armé d'une bombe atomique de 2 kt, mais le premier tir c'est fait
le 19 juillet 1956 depuis un chasseur Scorpion F-89 qui a largué dans la
fameuse Area 51 au Nevada le missile depuis une altitude de 4500 m.


                                      


                               Le  F 101 Voodoo  tire le missile Air Air atomique Genie MB1 sur Flat man A-51 (Doc USAF 1962)


le missile a parcouru 5 km avant de détonner en l'air (c'est un air-air) et
l'article dit que les hommes de l'USAF qui assistaient à l'expérience au sol
n'ont pas souffert des retombées radioactives !

S'ils le disent...

Bon, admettons que dans ce dernier cas seuls des militaires auraient été
concernés par un accident.

Mais au fait en dehors du crash d'une ou plusieurs bombes atomiques comme cela
s'était produit, suite à une collision d'un B-52 de l'USAF-SAC


                    


        Le B-52 d'Alméria était de ce type, mais celui-ci est équipé de 4 missiles SRAM
           short range air missile en place des 4 MK-17 internes. (Doc USAF SAC 1983)

avec un avion de ravitaillement, dans le ciel d'Almeria en Espagne le 17-2-1966
et qui avait vu quatre bombes thermonucléaires du plus gros calibre de l'USAF
la célèbre MK17 tomber sur la plage de Palomares (deux sur le sable, deux en mer)
y a-t-il eu des accidents sur la bombe même ?

Il n'y en a que de cinq types que je connaisse.

-1 Elle n'explose pas.
-2 Seul le détonateur explose mais les sécurités bloquent la fission atomique.
-3 La bombe explose sans recevoir l'amorçage de neutrons (fizzle pétillement).
-4 La bombe atomique d'amorçage détone mais la fusion ne s'amorce pas.
-5 L'énergie attendue n'est pas atteinte.

Tous ces petits "bobos" peuvent arriver sous la coiffe d'un ICBM ; étonnant non ?

1 Elle n'explose pas, alors soit elle est perdue en mer, c'est ce qui arrive le 4
juin 1962 comme je vous le décris dans le dernier article, soit ses produits
radioactifs se dispersent dans la nature et la zone est plus ou moins polluée.


                        


                      Une des 4 bombes thermonucléaires tombée sur le sable
                       de la plage de Palomares avec son parachute frein.
                             (Doc musée US des armes atomiques 2000)


C'est le cas de Palomares où une des 4 bombes H s'est émiettée sur le sable,
polluant très gravement la plage.

2 Le détonateur fonctionne, mais les sécurités ne s'enlèvent pas toutes et la fission
ne peut pas se produire car la masse super critique n'est pas réalisée.
C'est le cas de l'autre bombe de Palomares qui voit 5 de ses 6 sécurités sauter. Ouf.

3 La bombe pour détonner avec un processus complet et rapide de fission doit recevoir
une forte irradiation de neutrons issue d'un générateur neutronique comme par exemple
le mélange Polonium 210 sur du Bérilium qui produit un violent flot de neutrons rapides.


                    


                Détonnation (volontaire) sans initiateur à neutrons. La fission se fait en
                pétillant c'est le procédé le plus polluant. (Doc AIEA test pour l'US NAvy)


Sans cet aide la fission est relativement lente et il se produit ce que l'on appelle
du pétillement (fizzle).
On verra ça d'une certaine manière dans le réacteur 4 de la centrale de Tchernobyl en
Ukraine en 1986. Là, se disperse une très forte pollution radioactive.

4 Dans le cas de la bombe thermonucléaire la température de fusion est atteinte par un
violent chauffage et compression par rayons X du tritium/deutérium. Les rayons X sont
générés par une fission atomique initiale (bombe atomique).



         


            Ici seule l'amorce atomique fonctionne et la détonation donne du 60 kt
            où on attendait 1Mt (Test UK GrApple-1 / Short Granite 15-5-57. (Doc X )




Dans le cas de défaillance nous pouvons avoir une détonation atomique normale mais
pas de fusion, là encore on constatera une forte pollution de la zone par
vaporisation du deutérium et du tritium sans compter le réservoir en uranium 238
(bombe à 3 étages).


                

                         5 phases de la bombe H à 3 étages :

        - 1 constitution en haut une bombe fission au plutonium à implosion,
            et en bas le corps destiné à la fusion et une enveloppe d'uranium
        - 2 détonation de la bombe nucléaire d'amorçage
        - 3 compression de l'étage du bas par rayon X
        - 4 montée en température du corp de fusion (en bas)
        - 5 fusion en cours dans le bas et continuité de l'explosion en haut.

        Ce que montre mal le dessin c'est la fission de la paroi extérieure
        qui vient compléter le processus ; c'est le 3e étage de la bombe et le
        plus polluant dans la bombe H. C'est dans la phase de chauffage de la
        partie basse que l'échec du tir peut-être enregistré.


5 Tout semble bien se dérouler mais la puissance attendue n'est pas au rendez-vous,
c'est la faute à une déformation du conduit des rayons X dans la bombe thermonucléaire
et la fusion est alors incomplète, d'où une moindre puissance constatée.

Oui, nous sommes un peu hors sujet cette fois ci.

Rien n'est parfait, tout le monde a ses petits problèmes, même les bombes à hydrogène
de nos jolis ICBM !




Il n'y a pas de doute, ces stratèges de la dissuasion atomique
apocalyptique sont des poêtes de la terreur...


© aveni 2000/2016







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